La révélation!
Anaïs se réveille en sueur depuis plusieurs semaines déjà. Chaque fois, c’est le même rêve, chaque fois, le même état… Elle se sent chaude, moite, et sa main se retrouve invariablement entre ses cuisses, ses doigts recouverts de cyprine.
Elle, qui croyait être sûre de sa sexualité, persuadée d’être 100 % hétérosexuelle, voilà qu’elle ne cesse de rêver d’un corps de femme nu blotti contre elle, après une nuit entière à se donner l’une à l’autre.
Depuis que ces rêves se sont faits récurrents, Anaïs ne peut s’empêcher de regarder les femmes autour d’elle : au travail, dans la rue, ou même dans le métro. Mais son regard n’est ni critique, ni jaloux. Il est envieux. Elle imagine ce qu’elles portent sous leurs vêtements, rêve de découvrir leurs courbes, leurs fesses, leurs seins, leurs intimités. Elle s’imagine effleurer leurs tétons du bout des doigts… Ses pensées deviennent floues, impossibles à maîtriser.
Un matin, après une nouvelle nuit agitée, Anaïs se prépare pour aller travailler. Dans le métro, elle croise le regard d’une magnifique blonde. Sans même s’en rendre compte, elle commence à l’imaginer nue devant elle, prête à lui dévorer la peau et à goûter chaque parcelle de son corps.
Elle s’imagine lui ôter lentement sa robe, laissant le tissu glisser le long de ses longues jambes, avant de faire tomber délicatement sa lingerie. Ses lèvres viendraient embrasser son pubis, sa langue glissant doucement entre ses petites lèvres roses pour aspirer son clitoris et le sentir gonfler sous sa caresse.
Anaïs imagine cueillir sa cyprine avec le bout de la langue, tout en jouant avec ses doigts sur ses tétons durcis et rosés. Elle rêve d’entendre cette inconnue gémir sous ses caresses, ses coups de langue et ses baisers, chaque son nourrissant un désir grandissant.
Elle voudrait ensuite glisser deux doigts à l’intérieur d’elle, doucement, pour continuer à lui offrir un plaisir intense, tandis que sa bouche aspirerait ses tétons et que ses mains exploreraient les courbes fermes de ses hanches.
Anaïs imagine la sentir mouiller davantage, la respiration haletante, le corps frémissant à mesure que le plaisir s’intensifie. Et dans cet abandon, elle rêve de la sentir se contracter sous un orgasme brûlant, déclenché par ses attentions.
Le métro s’arrête brusquement, ramenant Anaïs à la réalité. Elle descend en titubant, l’esprit embrouillé par des images beaucoup trop explicites pour un lundi matin. « On a beau dire, la bisexualité frappe sans prévenir », pense-t-elle avec une pointe d’ironie, regrettant presque de ne pas avoir eu une phase gothique pour s’y préparer mentalement.
Au bureau, la journée promet d’être interminable. Mais à 10 heures, sa collègue surgit :
— Ton rendez-vous est arrivé.
Anaïs entre dans la salle de réunion et manque de faire demi-tour. C’est elle, la blonde du métro, encore plus ravageuse dans sa robe noire.
— Bonjour, Camille, enchantée, lance la femme, un sourire aux lèvres.
Le cerveau d’Anaïs cesse de fonctionner. La réunion se déroule dans une bulle de chaleur et de regards volés. À la fin, alors que Camille prend tout son temps pour ranger ses affaires, elle se penche légèrement vers Anaïs :
— Vous avez l’air… ailleurs.
— Euh… manque de sommeil, murmure Anaïs, le rouge aux joues.
Camille rit doucement.
— Et si je venais chez vous vous tenir compagnie ce soir ? Juste pour vous… détendre.
Anaïs acquiesce, bien trop vite pour que ce soit naturel.
Quelques heures plus tard, elles sont dans la chambre d’Anaïs. Les vêtements tombent au sol comme des feuilles en automne, et Anaïs découvre avec une joie non dissimulée que ses rêves n’avaient rien exagéré. Alors qu’elle explore chaque centimètre de Camille, une pensée fugace la traverse : « Finalement, la bisexualité, c’est comme les soldes. Tu te dis que tu n’as pas besoin d’y aller… et puis tu craques. »
Puis elle s’abandonne totalement, réalisant que parfois, c’est en brisant ses propres certitudes qu’on trouve le plus grand plaisir.